Le confort dans l’inconfort

 

Ce que j’aime avec la yoga, et ce que j’ai aimé instantanément, c’est qu’il nous amène à être confortable avec l’inconfortable. Je m’explique.

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Dès mon premier cours ça a été évident. Mes limites sont là. Je vais jusqu’à elles, je les sens, je m’y arrête (et je respire !), et il n’y a absolument aucun problème avec ça. Je ne me compare pas avec ma voisine de tapis de yoga. Alors que dans la vie, étant quelqu’un à l’estime de soi disons, plutôt fragile, ça n’est pas forcément mon attitude instinctive. Mais là, je ne sais pas pourquoi, tout à coup je ne cherche plus à argumenter avec la réalité. Ce qui est, est, point barre. Et ce silence dans ma tête, ce congé de la petite voix qui trouve en général toujours à dire et à redire, « oui mais ça pourrait être comme-ci, oui mais tu devrais être comme ça, blablabla », tout à coup elle ne trouve plus rien à faire que de se taire. Merci.

 

Alors oui bien sûre ça tire dans ma jambe (alléluïa, si je me sens c’est que je suis vivante), oui ma voisine est peut-être plus souple que moi, et alors, c’est mon premier cours et surtout, je me trouve face à cette évidence que je ne peux pas être autre chose que moi-même, là, maintenant, quoique que mon esprit torturé puisse avoir à en redire. Quel bonheur, quel soulagement. Bien sûre, les commentaires sont revenus depuis, c’était la cadeau d’accueil de la débutante. Mais maintenant, même quand il y a des commentaires, je sais, quelque part au fond de moi, qu’ils n’ont rien à voir avec la réalité. J’ai appris par la suite que ça s’appelle ne pas s’identifier à eux, en d’autre termes : ne pas s’identifier à son mental. Et ça, je suis capable de le faire pendant ma pratique parce que mes sensations physiques sont assez fortes pour mobiliser mon attention – donc ma conscience – ailleurs.

C’est l’avantage du Hatha Yoga, le yoga des postures. Mais évidemment le yoga ne se limite pas à ça et je sais que l’étape suivantes c’est d’être capable d’avoir ce détachement par rapport à ses pensées et à son mental en dehors du tapis, dans la vie de tout les jours. Et c’est là que ça se corse… C’est là où j’en suis aujourd’hui, notamment parce qu’un mal de dos m’empêche de pratiquer (c’est à peu près comme enlever sa dose à un drogué) et que je dois trouver ce calme à l’intérieur de mes limites du moment, c’est à dire mon corps avec sa douleur et sa capacité de mouvement très réduite, le cauchemar pour une mouvement-addict !

Donc je trouve un café dans Brooklyn, alors que je suis venue à New York pour suivre des cours de yoga, j’ouvre mon ordinateur et j’écris cet article. On est plusieurs à écrire sur nos ordinateurs, le temps est gris, mon chai au lait de soja est très bon, et il passe du vieux jazz à la radio. Et c’est bien. Comme quoi, le moment présent, une fois qu’on a arrêté d’argumenter avec lui (essayez d’argumenter avec une inflammation aïgue des muscles dorsaux…) c’est toujours bien. Je suis à l’intérieur de mes propres limites, et je sens la beauté illimitée de la vie et du monde. C’est ça, aussi, le Yoga.

Let it be, Namasté

 

New York, août 2015.

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