Je me suis beaucoup interrogée sur l’enseignement du yoga ces derniers temps, sur mon enseignement. Il se trouve que ça fera bientôt 14 ans que je fais ça, plusieurs fois par semaine. La fin d’un cycle, il paraît. Un certain nombre de salutations au soleil donc, à la lune aussi , un certain nombre de petites introductions sur le thème de la semaine, un certain nombre de Savasana (relaxation). Quand j’ai commencé on disait: « changing the world, one Savasana at a time ». Et j’y croyais. Je croyais RÉELLEMENT que je contribuais à changer le monde en aidant les gens à revenir à cet endroit de calme qu’on a tous en soi.
Un peu de désillusion donc. Le monde a changé, mais pas en mieux. Et ce qui m’apparaissait comme prendre la responsabilité de son état intérieur m’apparait parfois maintenant comme une fuite : comment atteindre la paix de l’âme pour ceux qui n’ont pas de toit sur la tête, qu’on bombarde, qu’on affame, qui vont chercher leurs enfants sous les décombres. Ne dois-t’on pas tous lutter pour un monde plus juste, avant tout ?
Je n’ai pas la réponse à mes interrogations, simplement ce mercredi après le dernier cours du trimestre mes élèves m’ont remerciée pour mon cours. Je les ai remercié aussi, pour leur fidélité, pour leur pratique: je les ai observé un moment pendant nos salutations à la lune et ils bougeaient, respiraient tous ENSEMBLE. Je les ai remerciés d’avoir adopté mon rythme (lent). Parce que ça donne, malgré tout, du sens à ce que je fais. Et parce que c’est peut-être ça, surtout, le yoga : respirer ensemble. Et on en a bien besoin.